Genèse 1, 24-31
Lecture du texte biblique.
Nous voici aux débuts des temps, au début du monde.
Ce récit est archi-connu, il fait partie de ceux que nous avons entendus, tout enfant déjà, et qui berçait notre imaginaire. Dieu dit… et il en fut ainsi. A la fois pouvoir de création et autorité pour le faire.
Dans ce récit, Dieu est présenté comme le Créateur de toute chose. Cette cosmogonie, écrite comme un long poème rythmé par les jours – symboliques ! – qui passent, sert d'introduction à l'ensemble de la Genèse. Comme toutes les cosmogonies, elle dit quelque chose de la place des hommes et des femmes face à leur Dieu : ici, ils sont pensés, ensemble, comme image de Dieu, comme vis-à-vis. Certains mythes des origines, plus ou moins contemporains de la Genèse, présentent l'humanité comme esclaves des dieux et déesses, dont le seul but est de servir. D'autres imaginent que le Dieu ou les dieux créateurs se retirent du monde et se fichent éperdument de la destinée de leur création. Rien de cela dans ce texte : Dieu nous envisage comme lui ressemblant.
Créé le même jour que tous les animaux qui trottent, courent, rampent, grouillent à la surface de la terre, l'humain est particulier et il a un statut à part dans la visée de Dieu.
Et cela se traduit aussi lorsqu'il est question de passer à table. Point de concurrence ici entre animaux et humains.
Pour les animaux : de l'herbe verte comme nourriture. Le lion, l'escargot, l'autruche, la fourmi, le paresseux, le renard ou la buse partagent tous la même pitance : herbe à tous les repas !
Il n'en est pas de même pour les humains qui se voient attribuer les céréales et les fruits. Quelle diversité ! Quel soin prend Dieu des humains que nous sommes. Il aurait pu se contenter d'un seul aliment, vantant ses qualités nutritionnelles, un super-aliment qui contiendrait tous les nutriments dont notre organisme a besoin.
Mais Dieu a voulu la diversité, parmi nous, mais aussi dans nos assiettes. Saveurs, textures, odeurs, couleurs… Tout se marie, se mélange et s'associe. Rien de comparable entre croquer un abricot mûri au soleil et juste tombé de l'arbre ou savourer un bout de pain associé à du vin. Et pourtant, tout est là, dans ce don de la diversité de Dieu.
Dans le texte suivant, l'autre récit de la Création contenu dans la Genèse, il est précisé que les arbres et les fruits sont bons à manger et agréables à regarder. Ils nourrissent non seulement nos corps, qui ont faim, mais aussi notre regard, qui a besoin de beauté.
Dieu a donc prévu, dans Sa sagesse et dans Sa générosité, de nous nourrir dans l'abondance, de nourrir nos sens qui en ont besoin. Savons-nous savourer, avec joie et reconnaissance, la diversité des mets qui sont présents dans nos assiettes ?
On m'a rapporté l'anecdote suivante :
Une famille se met à table et, comme d'ordinaire, on rend grâce, brièvement, tous ensemble, pour le repas : Merci Seigneur pour ce repas que Tu nous donnes, nous Te sommes reconnaissants de nous nourrir chaque jour. Et le cadet de la famille, âgé de 5 ou 6 ans, est ce soir-là interpelé : mais c'est Maman qui nous donne le repas et qui nous nourrit chaque jour ! Le Seigneur ne donne rien : c'est elle qui fait les courses et qui achète la nourriture au supermarché.
En effet… Le passage de témoin a eu lieu dès les débuts : cette nourriture que Dieu a créée et qu'Il nous donne, il nous appartient à nous, hommes et femmes, d'en faire des repas à partager, pour nourrir non seulement nos estomacs, mais aussi notre faim de relation et d'affection.
Et même si nous sommes seules à table, nous pouvons être en communion de pensées et de prières avec celles et ceux qui ont cultivé, transporté, vendu les ingrédients qui se trouvent dans nos assiettes. Et bénir l'Eternel non seulement pour la diversité de nos menus, mais aussi pour la diversité des dons de nos frères et sœurs.
Amen.
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