Méditation pour la Semaine sainte (samedi 11 avril 2020)
Méditation du Samedi Saint 11 avril 2020
« Dès qu’il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est achevé » et, inclinant, la tête il remit l’esprit. » Jean 19,30
« Tout est achevé ». Dernière parole du Christ en Croix dans l’Evangile de Jean. Tout est achevé. Parole à double sens.
Bien sûr, dans un premier temps, on peut comprendre ces mots comme la fin, le terminus d’une belle histoire qui finit mal. La grande espérance qu’a fait naitre Jésus s’est effondrée. Au nom d’intérêts économico-politico-religieux jugés supérieurs. Ne resterait-il alors que tristesse, amertume et résignation ? Peut-être. Mais peut-être aussi que tout n’est pas encore dit.
Pour l’instant, cependant, à la descente de la Croix, c’est le silence. Pour l’instant, très naturellement, on accomplit les sobres gestes du deuil. Tout juif doit être enseveli avant le début du sabbat. Joseph d'Arimathée, membre du Sanhédrin, suit les prescriptions rituelles. Par respect de la Torah et par sympathie pour Jésus. La dépouille du Christ aura un tombeau neuf, alors qu'un supplicié finissait généralement dans la fosse commune. Et puis, Nicodème, le pharisien, prépare et apporte les parfums et les aromates. Ensemble, les deux notables, devenus disciples à leur manière, installent dignement et définitivement Jésus dans la mort, veillant à la conservation de son corps ... dernier vestige auquel s'accrocher.
Au fond, tout rentre dans l'ordre naturel des choses.
Seulement, même si la tragique et mortelle partition humaine vient d’être jouée, le dernier souffle de Jésus sur la Croix est aussi l’achèvement ultime de son œuvre d’amour. L’accomplissement définitif de sa mission que rien ni personne ne pourra anéantir.
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime. » confiait Jésus à ses disciples juste avant son arrestation…
Et voilà le second sens de « Tout est achevé » : « Tout est accompli ». Et quel accomplissement !
Dans le Christ, lumière du monde, Dieu a visité l’humanité. Lui a déclaré son amour. Le Christ a refusé toutes les logiques de haine, de violence, de rejet, d’injustice, d’hypocrisie ou de mort, qui finissent par rattraper les humains que nous sommes. Il en a perdu la vie. Et il ne pouvait en être autrement. Le remise en question divine était beau trop radicale aux yeux des fils et de filles d Adam ! Mais ce faisant, Jésus nous ouvre à la Vie en nous donnant sa vie. Oui, quand Jésus remet son dernier souffle … c’est tout cela qui s’accomplit.
Alors, à la descente de la Croix, à la mise au tombeau, dans ce moment suspendu entre Golgotha et Pâques, quelque part entre le néant de la mort et le silence de Dieu, tout est en germination. En gestation.
L'œuvre de vie et de réconciliation de Dieu est en marche, sans nous, loin de nos yeux et de nos oreilles. C’est pour nous le temps de l’attente, le temps de nous rendre disponibles à l’accueil. Son œuvre recréatrice de Vie n'a pas encore éclaté, mais elle vient.
Quand la tristesse, l’amertume ou la résignation s’emparent de nous… peut-être est-ce le moment de traverser ces terres arides en sachant qu’elles peuvent devenir terres de germination et de gestation. Terres de vie et de joie retrouvées.
Christophe Reymond, avril 2020
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