Méditation pour la Semaine sainte (Lundi 6 avril 2020)
Méditation du lundi saint 6 avril 2020
Sur la Croix, dans les récits bibliques, le Christ se donne aussi à travers ses paroles. Et ce ne sont pas des paroles de mort… mais de Vie. La lumière de Pâques vient déjà éclairer les ténèbres de Vendredi saint. A nous de la recevoir.
Première parole… de pardon
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Luc 23,34.
Oui, le pardon vient en premier. Au commencement était le pardon ! Cette force de vie et d’amour qui relève encore et encore, pour reprendre la route, quitte à modifier la direction.
Et hors de toute logique humaine, c’est le pardon qui est posé, là, à la Croix. Par-delà la violence et l’injustice. Dans la bouche Jésus, ni rancœur, ni de rancune, ni menace, ni promesse de vengeance.
« Père, pardonne-leur » : comme le père de la parabole des deux fils (Luc 15, 11-32). Ce père, à l’image de Dieu, accueille son cadet retrouvé par une grande fête. Lui, dévoré de culpabilité d’avoir dilapidé sa part d’héritage, se voyait réduit au rang du dernier des derniers des serviteurs de son père. Mais il voit son père courir à lui pour le prendre dans ses bras. C’est le pardon qui l’emporte.
Jésus a aimé, aime et aime encore jusqu’à la fin. Y compris ceux qui l’ont mis à mort. « Il ne savent pas ce qu’ils font. » Parole du Christ qui nous prend avec elle. Car nos guerres tuent encore aujourd’hui. Nos violences et nos injustices blessent et détruisent. Nos aveuglements et la dureté de notre cœur aussi. Dans nos vies personnelles, dans le quotidien de notre existence, avec nos proches et nos moins proches.
Et alors oui, parfois (souvent ?), nous ne « savons » pas. Comme le dira un jour l’apôtre Paul : « Je ne comprends rien à ce que je fais. Ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je déteste, je le fais. » (Romains, 7, 15).
Pourtant, c’est bel et bien encore une fois le pardon qui l’emporte.
Et puisque le pardon vient en premier, alors nous pouvons continuer la toute, avec lucidité, peut-être parfois en changeant de direction, mais toujours dans la confiance placée en un Dieu de pardon et d’amour.
En ce temps où le monde entier est terrassé par un virus, de nombreuses voix s’élèvent pour que cette crise serve à une salutaire remise en question de notre manière de vivre consumériste et parfois déshumanisée. Une économie mondialisée basée avant tout sur la maximalisation des profits et de la rentabilité montre ses failles et ses limites.
Tous ensemble, unis dans la même humanité, sur le même bateau, sur la même Terre, faisons-nous vraiment ce que nous voulons et voulons-nous vraiment ce que nous faisons ?
Se relever autrement après la pandémie ne serait-il pas une nécessaire et urgente manière de vivre la résilience du pardon ?
Christophe Reymond. Avril 2020
Laissez votre commentaire