Gethsémani
Gethsémani
La nuit de toutes les nuits
Quand même les étoiles
ont cessé de trouer
le voile d’obscurité
l’espérance s’est noyée
dans le naufrage de l’âme
la terre sent si lourd
qui nous colle à la peau
et quel prix a la vie
lorsqu’on sait qu’elle s’en va
La création attend, le souffle s’est arrêté
Les oliviers se penchent
Vers l’homme qui reste là
Seul, de l’autre côté
Comme on ne peut que l’être
Quand cette heure est venue
Tout entier retourné
Vers un passé à jamais hors d’atteinte
Pour ne pas voir encore
Un demain qui sera le dernier
Cette heure noire entre toutes
Quand tous les autres dorment
où n’existe plus
Que le goût amer de l’inachevé
Le regret de ce qui aurait pu être
La douleur de l’homme Dieu
Aux ailes arrachées
A l’horizon de la croix, déjà
Une aube se dessine
Mais l’homme rivé au sol
Ne sait plus l’espérer
Ne garde plus que la force
Et la seule liberté
De pouvoir peut être
Accepter
Seigneur
Dans chacune de nos nuits
Déjà tu nous précèdes
Tu as vécu toute vie
Dans ce qu’elle a de sombre
Et tu nous as laissé
Les mots pour l’éclairer
Comme Toi ce soir-là au jardin du pressoir
Dire ce oui jusqu’au bout à notre humanité
A Celui qui l’a faite
Sur le pas de la mort encore
faire le choix de la vivre
Avec la seule confiance
Que dans cet abandon
Ce soir comme dans mille ans
C’est avec Toi
Sur une terre nouvelle
Que nous nous lèverons
Anne-Marie Droz
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