Je connais un sculpteur qui aime les visages. Il y en a des centaines dans son atelier. Mais aucun n'est d'une perfection lisse. Nul qui ne soit sans blessure. Car, dit-il, ce qui donne de la beauté à un visage, c'est la marque de la vie, c'est la blessure. Tous nos visages en portent les stigmates. C'est ce qui en fait la figure des vivants.
Nul ne grandit, ne devient homme ou femme sans avoir été altéré, sans avoir été abîmé par l'épreuve de la vie. Il ne sait rien de la vie celui qui n'a jamais approché la mort. Que sait du Salut celui qui n'a jamais fait l'expérience qu'il pouvait tuer? Seul celui qui a pleuré sait l'éclat de rire.
Que sait de la beauté du jour celui qui n'a jamais connu la nuit? Douce l'aurore quand l'obscurité longtemps s'est prolongée.
Que sait de l'amour celui qui jamais n'a crié sa solitude face au silence de l'absence?
Et que sait de Dieu celui qui n'a jamais crié sa révolte et exprimé le doute?
Il est des blessures qui ouvrent des brèches, celles qui font grandir aux limites de la vie.
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